LES
CARRIERES SOUS LE VAL DE GRACE
Le
Val-de-Grâce est un haut lieu de la cataphilie. Il est parcouru
d'un réseau de carrières de consolidation ancienne, on y
trouve l'escalier Mansard. Le Val-de-Grâce se trouve à proximité
immédiate de la salle Z à l'extrême nord du réseau.
Cependant cette partie est rarement accessible car elle se situe sous
un terrain militaire (hôpital du Val-de-Grâce). Voici un bref
Historique de ce lieu.
Charles de Valois
fils du roi Philippe III dit le Hardi, acquit, au milieu du XIIIe siècle
une propriété dans le Faubourg St Jacques. Pendant près
d'un siècle, cette demeure resta aux mains des Valois. La propriété
passa aux mains des Bourbon à la fin du XIVe siècle. Louise
de Savoie obtint de son fils François Ier la cession de l'hôtel
dit du Petit Bourbon pour l'offrir à son médecin personnel
Jean Chappelin. Ce qui marqua la première occupation de l'endroit
par le corps médical en 1527. Toujours selon la légende
: "Henri de Navarre s'étant approché de Paris à
la faveur d'un épais brouillard le 1er novembre 1589, surprit le
Faubourg St Jacques et fatigué reposa quelques heures sur un lit
de paille fraîche dans une salle du Petit Bourbon. Ainsi le premier
combattant de l'armée française inaugurait sans le savoir
le premier hôpital militaire". Anne d'Autriche s'était
liée d'amitié avec une religieuse de Montmartre pour laquelle
elle obtint la crosse abbatiale de "Notre Dame du Val-de-Grâce".
La bénédiction eut lieu le 21 mars 1619 dans l'église
des Carmélites du Faubourg St Jacques. Comme les locaux menaçaient
ruine, la Reine fit transférer la communauté dans les locaux
du Petit Bourbon acheté pour la somme de 36 000 livres.
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Gravure
du XVIIIe siècle representant l'église du Val-de-Grâce
(doc.© Nexus) |
L'abbaye du Val-de-Grâce
a été crée par Anne d'Autriche en 1621. A l'origine
c'était un simple hôtel particulier (le Petit Bourbon) acheté
par la reine auquel elle fit ajouter des bâtiments supplémentaires.
En 1645, la reine demande à François Mansart (1598-1666)
d'ajouter une église et un palais au couvent du Val-de-Grâce
où elle avait l'habitude de se retirer de temps en temps. Le plan
de construction de l'église prévoyait de construire des
tours sur les flancs de la nef et un portail d'entrée à
un étage, en avancée, donnant à l'ensemble une allure
de château. Cependant Mansart fut renvoyé peu après
le début des travaux, en effet s'étant aperçu que
la zone était sous minée il entreprit des travaux de consolidation.
Cette consolidation des anciennes carrières se trouvant sous le
Val-de-Grâce engloutit la somme de 275000 Livres. Mansard fût
donc renvoyé devant l'ampleur des dépenses engagées.
La direction du chantier fut reprise par Le Mercier, puis à la
mort de ce dernier, par Pierre Le Muet. Les travaux furent interrompus
de 1648 à 1655 pendant les événements de la Fronde.
Enfin, Gabriel Le Duc, éleva le dôme en 1665, dirigea la
décoration et acheva la construction des bâtiments du couvent.
Anne d'Autriche n'eut pas l'occasion de contempler le Val-de-Grâce
achevé car elle mourut en 1665. L'église fut consacrée
en 1710.
L'église a
un plan en croix latine et un dôme visible du parvis de l'église.
La façade à deux étages, avec ses ailerons (issus
de l'église Santa Maria Novela, construite en 1470 par Alberti
à Florence) effectuant la transition, et son double niveau de colonnes
jumelées supportant un fronton triangulaire, rappelle certaine
façades d'églises de la première moitié du
XVIIe siècle (la façade de l'église des feuillants,
construite sur les plans de Mansart en 1623-1624, ou celle de l'église
Saint Louis - aujourd'hui Saint Paul-Saint Louis - , construite entre
1627 et 1641 par Martellange et Derant, même si ces dernières
ont trois niveaux et que Saint Louis est très chargé, fruit
de l'architecture maniériste de l'époque). Plus clair et
plus sobre que les maniéristes, Mansart quadrille la façade
par des lignes verticales : les six colonnes de la façade et les
quatre colonnes du porche; et des lignes horizontales : les entablements
des deux niveaux (l'entablement du rez-de-chaussée est plus accentué
et ressort grâce au porche qui le soutient) et le pseudo niveau,
derrière le fronton du porche, et où se trouvent les supports
des bases des colonnes du deuxième niveau.
Anne d'Autriche avait fait édifié cette église en
l'honneur de la Vierge Marie, en tant qu'Ex-voto, pour remercier le ciel
de lui avoir accordé un enfant, après une longue période
de stérilité. La dédicace sur le fronton du porche
est donc facilement identifiable : "iesu nascenti virginio matri",
faisant allusion à la Vierge Marie enfantant de Jésus.
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Vue
de l'église du Val-de-Grâce la nuit
(photo © Nexus) |
L'abbaye est désaffectée
sous la Révolution et devient un hôpital militaire en 1796
et l'est encore, ce qui explique que l'église soit plutôt
difficile à visiter de nos jours. |